samedi 5 décembre 2009

Niamey en effervescence

La semaine dernière, lorsque vous vous promeniez dans les rues de Niamey, la capitale du Niger, vous pouviez sentir une certaine agitation:
Les gens se bousculent au marché pour acheter leurs épices. Plus loin, bien c’est la queue auprès du tailleur pour se faire faire son pagne ou un attroupement auprès du vendeur de prêt-à-porter.




Puis dans une rue près du marché, vous trouvez un homme qui affûte de longs bâtons de bois et qui en fait tout un tas pour les vendre. Et enfin, lorsque vous quittez le marché, il vous ait très difficile de trouver un taxi de libre et quand finalement, vous en avez un, il faut être encore plus patient que d’habitude à cause des embouteillages.


Mais pourquoi donc toute cette agitation ?
En vous promenant un peu plus loin, vous avez la réponse : un mouton est attaché à un arbre devant la case du voisin.


Dans la rue, un autre voisin rentre chez lui avec deux ou trois moutons ; et surtout quelques pistes plus loin, vous entendez des dizaines de moutons bêler et beaucoup de Nigériens attroupés à regarder quelles bêtes ils vont acheter. Ils les ramèneront chez eux à pieds, ou dans leur coffre de leur voiture ou parfois même sur leur vélo ou leur moto !!



C’est la fête de Tabaski qui approche : une grande fête pour les musulmans. Ils achètent un ou plusieurs moutons pour se rappeler le sacrifice qu’Abraham était prêt à faire (en offrant son fils Isaac) et que Dieu a remplacé par un mouton.
Ainsi, chaque famille nigérienne qui en a les moyens achète un ou plusieurs moutons en fonction du nombre de personnes composant le foyer. Certaines familles économisent pendant des mois car un mouton coûte entre 45000 et 100 000FCFA (sachant que le salaire moyen d’un nigérien est de 90 000 FCFA).Cette fête a lieu tous les ans, 2 mois après le ramadan.


Samedi : jour de la grande fête. Vous sortez et vous pouvez voir tout le monde en grande tenue d’apparat : chacun sort un vêtement neuf (s’il en a les moyens). Et les hommes, accompagnés des femmes âgées (qui ne sont plus en âge de séduire…) se rendent à la mosquée. L’imam égorge alors un mouton et la fête peut commencer.


Chaque famille rentre chez elle et certaines se regroupent pour cette grande fête.
On égorge les moutons et on enlève les viscères qui seront lavés et nettoyés.


Les moutons seront transpercés par deux bâtons mis en forme de croix, comme les crucifixions en temps romain puis lavés à grande eau.




Ensuite, les hommes préparent un grand feu avec un assemblage de bois autour pour faire tenir les moutons.
Puis on installe tous ces moutons autour du feu et les hommes attendent 4 ou 5 heures que les carcasses soient cuites.






Pendant ce temps, les femmes font bouillir tous les viscères ou les font frire.





Puis les hommes retirent toutes les carcasses du feu et les familles se réunissent pour discuter, les jeunes sortent faire la fête.


Le lendemain, la fête continue : c’est le jour du partage. Dès 8h vous pouvez voir des Nigériens en grandes tenues avec un plateau sur la tête, apporter à leurs voisins ou familles les morceaux de viande.



En effet, selon le coran, les musulmans doivent distribuer 1/3 du mouton à leur voisin, 1/3 à leur famille et garder 1/3 pour eux.

Et si vous entrez chez une famille, on vous offrira un petit morceau d’intestin grillé et épicé.





Pour un européen, cette fête est un bon moyen de connaître ses voisins et se faire des amis car c’est vraiment un moment de partage et de fête.


Si vous souhaitez voir d'autres photos de cette fête, cliquez ici

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