samedi 19 décembre 2009

Deux mois au Niger… et toujours là…

Il y a un mois, je terminais mon bilan du mois écoulé en vous donnant RDV pour un nouveau bilan à la fin de mon deuxième mois en « terre inconnue ».


Et bien le voici :

Le Niger commence à devenir une «terre connue » :

De plus en plus de choses qui me surprenaient à mon arrivée ou même me choquaient sont maintenant devenues banales, voir normales !!
Par exemple, lorsque que je continue la piste principale de notre quartier qui passe devant les bureaux d’ADRA pour me rendre au marché, des tas d’ordures sont amassés sur une centaine de mètres.


La vue de ces déchets me répugnait et maintenant, c’est triste à dire, mais j’en vois tellement que je n’y fais même plus attention !!
Mais je suis tout de même encore surprise lorsque je vois une vache ou une chèvre au milieu de ces ordures en train de brouter non pas de l’herbe mais du carton !!

Je commence aussi à comprendre l’accent africain, car je ne l’avais pas précisé jusqu’à présent, mais il m’est arrivé plusieurs fois de me demander si mon interlocuteur me parlait français, alors que c’était son accent qui m’empêchait de le comprendre.

Je commence également à être habituée à la circulation « à la nigérienne » :
- les taxis se faufilant, créant une troisième voie pour aller plus vite et s’arrêtant brusquement pour prendre un passager,
- savoir choisir le bon moment pour traverser un boulevard aux heures de pointe.
Je deviens aussi une experte pour prendre le taxi : sur quelle voie me placer, dans quel sens et surtout ne plus me faire avoir sur le prix de la course : et oui, les étrangers sont la cible rêvée des vendeurs ou toute personne proposant un service. Les prix n’étant pas fixes, si l’on n’est pas un minimum au courant sur les prix, on peut payer le triple.

Et pour ce qui est du vécu de la culture africaine :
- Je déguste les beignets nigériens appelés « massa » accompagnés de poudre d’arachide et de piment,
- J’apprécie aussi la bouillie de mil,
- Je ne dis pas non lorsque je suis invitée à prendre le thé et discuter sur les coutumes du pays,
- Je commence à être invitée par plusieurs familles du quartier pour faire connaissance,
- Je suis souvent abordée par les jeunes gens qui veulent discuter, avoir mon numéro de portable et … demandent s’ils peuvent repartir en France avec moi…
- Je dois apprendre à vivre comme une « people » dans mon quartier. Je m’explique : quand je me promène, certains enfants me crient « bonjour Muriel ». Je leur demande comment ils savent mon nom : « mais vous êtes venue dans notre école d’ADRA ! ».


Mais ce qui m’a le plus surpris : la semaine dernière, un jeune m’aborde et me dis : « vous, vous travaillez à ADRA, vous habitez à ADRA, vous allez courir au stade, vous vous promenez avec telle personne, … » J’étais très surprise car je ne l’avais jamais vu !! Il m’observait tous les jours et il avait eu aussi ces informations par les voisins, les enfants, …
... et oui, ici, vie privée et vie collective : c’est la même chose !!

Sinon, côté vie professionnelle : un travail très enrichissant qui me passionne. Mon temps est partagé entre 2 projets (http://journaladra.blogspot.com/):
- Le suivi d’un centre de formation pour jeunes filles. Ce qui est le plus difficile pour moi est de savoir rester ferme et impartiale face à une ONG toujours plus demandeuse de fonds.
- Le projet d’hygiène par le lavage des mains : des rencontres dans des classes d’une école primaire pour comprendre le niveau des élèves, dans le but d’une création d’outils. Cependant, une question demeure : vont-ils être réellement adaptés au public ? En effet, même si je suis au Niger depuis deux mois, je ne connais pas encore assez la culture du pays pour connaître les codes culturels, les images utilisées pour décrire telle situation ou telle maladie…

Ainsi, après deux mois de vie au Niger, je peux dire que je me suis bien adaptée aux conditions de vie urbaine et je vois que je commence à vivre l’intégration dans ce pays car je compare de moins en moins ce que je vis avec ce que je connaissais en France.
Par conséquent, le bilan est positif.


mercredi 16 décembre 2009

Un petit coin de paradis!


Fatiguée d’entendre le bruit des voitures et les klaxons incessants, de marcher dans les nuages de poussières au passage de chaque voiture, c’est avec beaucoup de joie que trois fois au cours de ces derniers weekends, je me suis retrouvée non loin de Niamey (à une dizaine de kilomètres) sur les bords du fleuve Niger et sur les plateaux surplombant ce fleuve.







Et là, je me suis cru dans un autre pays : le calme, pouvoir enfin entendre les oiseaux, et même percevoir le léger clapotement de l’eau au passage d’une pirogue, ou bien le bruit du vent dans les feuilles des arbres : quel régal!



Et cette si belle nature !! Lorsque j'arrive au bord du Niger, j’ai même pensé être en Chine ou en Guadeloupe avec ces arbres aux racines qui ressortent de l’eau et aux feuilles bien vertes, et ces plantes aquatiques ainsi que les tiges de riz.




D’ailleurs, ce paysage est tellement agréable, que tout le long du fleuve, on trouve des aires de camping aménagées qui sont à louer à l’année.


Puis, je fais quelques mètres, et je trouve une nature poussant sur un sol plus pauvre : palmier, et autres arbres dont je ne connais pas encore le nom (grands ou petits) :







Je me sentais vraiment bien dans cette nature au milieu de ces arbres:


Mais je constate surtout l’absence d’herbe verte ce qui explique que les chèvres mangent les feuilles dans les arbres.
En continuant la balade, je grimpe sur le plateau et là, la vue est imprenable :
Je distingue clairement le fleuve Niger et ses petits ilots, ainsi que ses méandres.



Puis de l’autre côté, le sol caillouteux d’une couleur brun/mauve, contrastant avec le sable rouge, orange. Cela fait presque penser à un paysage lunaire.




Et là surprise : un cœur dessiné avec des pierres.
Un petit signe de Dieu pour me rappeler le cadeau de cette si belle création.


On trouvera aussi des champs avec des tiges de mil, déjà récoltées : il en reste les débris ou quelques unes par ci par là que les bêtes viennent manger ou bien que les coupeurs viennent tailler pour le bétail. Voici un épi de mil : le mil est la céréale de base au Niger (consommé en bouillie).





En retournant vers le fleuve, j’aperçois des jardins : un homme est train d’arroser ses tomates en faisant des allers retours pour puiser l’eau du fleuve.



Et un paysan revient avec sa charrette chargée de foin tirée par des vaches.








Mais le coucher du soleil approche, vite, quelques photos pour immortaliser ces belles couleurs :








Puis, retour au camp de base (une aire de camping aménagée) et là une petite surprise nous attend : des amis canadiens nous ont invité à prendre des hot-dogs autour d’un feu de camp : soirée inoubliable qui me rappelle tous mes camps de jeunesse…



Si vous souhaitez continuer cette balade en nature, cliquez ici

samedi 12 décembre 2009

Décembre ! : ah oui? !!! ...

Je me demandais pourquoi je trouvais que le temps ne passait pas, pourquoi je me croyais toujours à une semaine de mon arrivée et que pourtant je suis déjà au Niger depuis presque 2 mois…


Et bien j’ai trouvé la réponse un jeudi 3 décembre lorsque je suis rentrée dans un magasin vendant divers articles de bazar : à l’entrée de ce magasin : un père noël me saluait avec des bonbons dans une corbeille, tout habillé de rouge et blanc : comme un père noël quoi !! Mais ma surprise fut grande de voir ce père noël : non pas que l’on ne puisse pas trouver de père noël en Afrique, mais parce que je me suis dit : quoi, nous sommes déjà au mois de décembre !!!

Et oui, depuis mon arrivée, dans ma tête, je suis restée au mois d’août. En effet, je passe mes journée vêtue de tee-shirt et de jupes légères ou pantacourts, et parfois je ne peux même pas sortir l’après midi parce qu’il fait trop chaud !!

Ainsi, ce père noël devait avoir bien chaud dans sa tenue.
Puis dans le magasin, j’ai ressentie cette ambiance de l’avant avec les chants de noël diffusés dans les hauts parleurs, les guirlandes multicolores accrochées dans les rayons et surtout l’étalage de jouets.
Mais ici, Noël est tout de même moins présent que chez nous en France car moins de personnes le fêtent. Noël est en effet une tradition chrétienne et non musulmane.
Mais beaucoup d’enfants recevront tout de même des cadeaux par l’intermédiaire d’associations caritatives.

Donc au Niger, en décembre, vous ne trouverez pas de sapin enneigé, vous ne pourrez pas faire votre traditionnel bonhomme de neige (quoi que en papier, c’est faisable..).
Vous n’aurez pas non plus à gratter votre voiture le matin pour enlever le gel avant de partir au travail, vous n’arriverez pas les mains engourdies par le froid en salle de classe, ce qui vous empêchez même d’écrire.

Mais en revanche, vous aurez à subir un changement de température assez important entre la nuit et le jour (à peine 15 degrés la nuit et 35 degrés le jour), ce qui fait que l’on attrape vite le rhume, surtout pour ceux qui dorment dehors le long des pistes,
Vous devrez également subir les nuages de poussière et de sable très fréquent en ce moment à cause du vent, ce qui cause des maux de gorge et parfois mal aux yeux.

Mais bon, en décembre, au Niger, vous aurez tout de même la joie de semer salades, tomates, carottes, melons, courges et autres légumes en n’oubliant pas de les arroser matin et soir.

Voici donc un mois de décembre un peu particulier pour moi.
Et le proverbe français « Noël au tison, Pâques au balcon » ne s’appliquera pas pour moi cette année.


Ce sera plutôt « Noël sur la chaise longue, Pâques à la piscine !»…

dimanche 6 décembre 2009

Découverte de la culture africaine

Cela fait maintenant un mois et demi que je suis arrivée à Niamey, la capitale du Niger.
Plus de 50 jours que je côtoie les nigériens, que je leur dis bonjour ou « inakouana » (bonjour en haoussa, une des différentes langues locales). qu’on se salue en se disant: Comment ça va ? Comment va ta famille ? Et ton travail ? Et la fraîcheur ? Et les deux jours ? (c'est-à-dire comment se sont passés les 2 derniers jours).
Et je commence seulement maintenant à me faire des amis nigériens, depuis la fête de tabaski, cette grande fête que je vous ai décris dans mon précédent article : une grande fête où le dimanche, on invite sa famille, ses amis et ses voisins à partager le mouton.
Depuis ce jour, les familles m’invitent chez elles et je commence enfin à découvrir réellement la culture africaine : les rapports hommes/femmes, la place des femmes dans la famille. Mais aussi toute la vie qui se passe dehors : plusieurs familles qui vivent dans la même petite cour, la cuisine qui se fait sur un feu de bois, le pilon pour broyer les épices, la natte qui fait office de salle à manger, ou de chambre pour la nuit, les poules et les chèvres qui vivent dans la même cour que les membres de la famille, les enfants nus qui jouent dans la poussière…

Et cette famille qui m’offre son plat de pates au piment agrémenté de viande, son plat qu’elle a préparé exprès pour ma venue. En bonne européenne, je demande si je peux avoir une assiette et une cuillère car je n’ai pas encore appris à manger directement dans le plat, ainsi qu’un verre car je n’ai pas l’habitude de boire dans la carafe d’eau. Et oui, les manières de manger diffèrent d’une culture à une autre. Cette femme qui me sert a environ 16 ans. Elle ne connaît pas son âge car il n’y a pas de registre d’état civil où elle est née. Elle s’est mariée il y a deux ans. Ce qui me choque un peu, c’est sa timidité, elle n’aura presque pas ouvert la bouche durant tout le temps de ma venue. Mais son mari, très bavard, est vendeur dans la rue où je travaille. Il parle très bien le français et il m’explique beaucoup de choses sur sa culture.

Cette visite m’a donné envie de davantage connaître la culture africaine.

C’est pour cela que je me suis rendue au forum africain du film documentaire qui présente pendant une semaine du 1er au 8 décembre, un grand nombre de films réalisés par de grands réalisateurs africains, ainsi que des courts métrages réalisés par des étudiants en sociologie.
Voici donc quelques films que j’ai visionné :
Pour les courts métrages: « côté quotas » : toutes les tâches ménagères que réalisent la femme et leur non prise en compte par la société, un autre sur « la planification familiale » et un troisième sur la vie dans une tribue de Peuls.


Pour ce qui est des longs métrages : « Kini et Adams » réalisé par Idrissa Ouedraogo , auteur burkinabé ayant également réalisé « Kadie jolie ». C’est l’histoire de deux amis qui veulent retaper une voiture pour pouvoir quitter la brousse et aller vivre en ville pour y trouver un meilleur niveau de vie.
Un autre film: «Nyamanton, la leçon des ordures » de Cheik Omar Sissoko (ex ministre de la culture au Mali). C’est l’histoire d’une famille très pauvre qui ne peut pas payer un banc à son fils, obligatoire pour être admis dans la classe. Celui-ci doit donc travailler l’après midi après la classe pour se payer ce banc : il va être ramasseur d’ordures : il passe de maison en maison et collecte les ordures sur son chariot.

Et un dernier long métrage: "Drum" de Zola Maseko racontant la vie des Afriacins Noirs pendant l'apartheid en Afrique du Sud.

Tous ces films m’ont fait réfléchir sur la place des femmes et des enfants dans cette société : il y a encore beaucoup à faire pour que les droits de l’homme soient vraiment reconnus pour tous et deviennent réalité.


samedi 5 décembre 2009

Niamey en effervescence

La semaine dernière, lorsque vous vous promeniez dans les rues de Niamey, la capitale du Niger, vous pouviez sentir une certaine agitation:
Les gens se bousculent au marché pour acheter leurs épices. Plus loin, bien c’est la queue auprès du tailleur pour se faire faire son pagne ou un attroupement auprès du vendeur de prêt-à-porter.




Puis dans une rue près du marché, vous trouvez un homme qui affûte de longs bâtons de bois et qui en fait tout un tas pour les vendre. Et enfin, lorsque vous quittez le marché, il vous ait très difficile de trouver un taxi de libre et quand finalement, vous en avez un, il faut être encore plus patient que d’habitude à cause des embouteillages.


Mais pourquoi donc toute cette agitation ?
En vous promenant un peu plus loin, vous avez la réponse : un mouton est attaché à un arbre devant la case du voisin.


Dans la rue, un autre voisin rentre chez lui avec deux ou trois moutons ; et surtout quelques pistes plus loin, vous entendez des dizaines de moutons bêler et beaucoup de Nigériens attroupés à regarder quelles bêtes ils vont acheter. Ils les ramèneront chez eux à pieds, ou dans leur coffre de leur voiture ou parfois même sur leur vélo ou leur moto !!



C’est la fête de Tabaski qui approche : une grande fête pour les musulmans. Ils achètent un ou plusieurs moutons pour se rappeler le sacrifice qu’Abraham était prêt à faire (en offrant son fils Isaac) et que Dieu a remplacé par un mouton.
Ainsi, chaque famille nigérienne qui en a les moyens achète un ou plusieurs moutons en fonction du nombre de personnes composant le foyer. Certaines familles économisent pendant des mois car un mouton coûte entre 45000 et 100 000FCFA (sachant que le salaire moyen d’un nigérien est de 90 000 FCFA).Cette fête a lieu tous les ans, 2 mois après le ramadan.


Samedi : jour de la grande fête. Vous sortez et vous pouvez voir tout le monde en grande tenue d’apparat : chacun sort un vêtement neuf (s’il en a les moyens). Et les hommes, accompagnés des femmes âgées (qui ne sont plus en âge de séduire…) se rendent à la mosquée. L’imam égorge alors un mouton et la fête peut commencer.


Chaque famille rentre chez elle et certaines se regroupent pour cette grande fête.
On égorge les moutons et on enlève les viscères qui seront lavés et nettoyés.


Les moutons seront transpercés par deux bâtons mis en forme de croix, comme les crucifixions en temps romain puis lavés à grande eau.




Ensuite, les hommes préparent un grand feu avec un assemblage de bois autour pour faire tenir les moutons.
Puis on installe tous ces moutons autour du feu et les hommes attendent 4 ou 5 heures que les carcasses soient cuites.






Pendant ce temps, les femmes font bouillir tous les viscères ou les font frire.





Puis les hommes retirent toutes les carcasses du feu et les familles se réunissent pour discuter, les jeunes sortent faire la fête.


Le lendemain, la fête continue : c’est le jour du partage. Dès 8h vous pouvez voir des Nigériens en grandes tenues avec un plateau sur la tête, apporter à leurs voisins ou familles les morceaux de viande.



En effet, selon le coran, les musulmans doivent distribuer 1/3 du mouton à leur voisin, 1/3 à leur famille et garder 1/3 pour eux.

Et si vous entrez chez une famille, on vous offrira un petit morceau d’intestin grillé et épicé.





Pour un européen, cette fête est un bon moyen de connaître ses voisins et se faire des amis car c’est vraiment un moment de partage et de fête.


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