mardi 16 mars 2010

Un visage, une rencontre…

Cela fait presque 5 mois que je vis à Niamey et je croise tous les jours des gens avec mon travail ou dans la rue. Ces personnes ont des conditions de vie et des parcours de vie différents.
Dans le cadre de mon travail, j’ai visité des sessions d’alphabétisation pour les femmes. L’une d’entres elles a bien voulu me dévoiler un peu de son parcours de vie.
Plusieurs d’entres vous ont souhaité connaître davantage les Nigériens et Nigériennes.

Alors voici pour vous cet entretien :

"Je m’appelle Fati. J’ai 51 ans et je suis la mère de 10 enfants. Je suis née à Niamey, dans une famille musulmane de 7 enfants et je suis l’ainée.
Ma famille avait un peu de moyens car on mangeait trois fois par jour. Mon père était transporteur et ma mère restait à la maison pour nous élever.

Quand j’étais petite, je devais rester à la maison pour aider ma mère pour le ménage et m’occuper de mes frères et sœurs.

Je suis quand même partie une fois en vacances hors de Niamey mais toujours au Niger pour voir ma grand-mère.


Je me suis mariée à 13ans et j’ai dû quitter la maison pour aller vivre dans un autre quartier de Niamey de l’autre côté du fleuve. Cela a été très dur pour moi car j’étais trop jeune.
A 15 ans, j’ai eu mon premier enfant, puis les autres ont suivi.
En 1987, j’ai eu mon premier travail dans une école : je faisais la cuisine pour la cantine, puis j’ai été femme de ménage et aide jardinière dans la même école.
Ma vie n’a pas toujours été facile avec 10 enfants. L’un de mes enfants est décédé.
Au niveau financier, cela a été parfois compliqué.
Mon mari est cultivateur alors il part ailleurs pour le travail et suis seule pour élever mes enfants.Mais maintenant je suis divorcée. Et je suis devenue chrétienne en 2001 grâce à un ami.
En venant ici, au cours d’alphabétisation, j’apprends à lire et à écrire car on ne sait jamais : la vie est longue…
Je suis femme de ménage mais je deviens vieille et mon travail me donne mal au dos. Alors je souhaiterai faire un autre travail et ouvrir un commerce. Grâce à la lecture et le calcul, je vais pouvoir le faire.J’ai aussi fait l’alphabétisation en français en 1977 et en Zarma en 1997: je suis très motivée. Je n’ai jamais été à l’école car avant ce n’était que les garçons qui allaient à l’école au Niger.
Ce que j’aime bien faire ?: rire, accueillir du monde et prier.
Ce que j’aimerais faire ? : ouvrir un jour un commerce."

Vous venez de lire le portait de Fati. Il est vrai qu’elle ne représente pas à elle seule l’ensemble des femmes du Niger mais cela peut tout de même vous donner une idée des conditions de vie des femmes dans ce pays.
De temps en temps, quand j’en aurai l’occasion, je continuerai de m’intéresser à la vie des gens que je rencontre pour vous la faire partager à mon tour.

mardi 9 mars 2010

Ah! ces ordures...

Dans le quartier, le long de certaines pistes, je vois des chèvres cherchant de quoi manger parmi un monticule d’ordures.


Ces déchets peuvent parfois envahir le chemin et il faut alors se frayer un passage, ce qui n’est pas toujours aisé. Les piétons y passent mais aussi les véhicules. J’appréhende déjà la saison des pluies quand toutes ces ordures seront mélangées à la boue ou même flotteront dans l‘eau sale.

Les animaux (chèvre, vaches) y trouvent leur bonheur en mâchant cartons et papiers, mais aussi les enfants en cherchant des vieux objets abandonnés.


Quand je suis arrivée, je pensais que les ordures étaient jetées n’importe où mais il y a tout de même une organisation si on y prête attention.
Lorsqu’un Nigérien consomme du yaourt en sachet plastique, par exemple, il va jeter l’emballage dans la rue. Ce plastique va s’envoler jusqu’au bord de la piste et il sera balayé par un gardien le lendemain et mis dans un bidon métallique. Il n’y a en effet pas de poubelles publiques dans la rue et pas de service public de ramassage d’ordures à Niamey, ce qui explique que les gens jettent leurs ordures par terre.
Il existe tout de même des agents de nettoyage qui ramassent les papiers sur les routes principales. La première fois que je suis passée sur l’une de ces routes, « une armée » d’une quinzaine de balayeurs en tenue orange, avec le balai et le masque anti poussière ramassaient les ordures tandis qu’une dizaine les regardaient en attendant leur tour.

Pour ce qui est des ordures ménagères, les Nigériens les jettent aussi par terre sur le sol de leur cour. Ainsi, tous les matins, entre 6h30 et 7h00, vous trouverez les femmes ou les jeunes filles en train de les balayer et de les mettre dans un seau. Puis, elles les transporteront, sur leur tête, jusque dans les décharges dont je vous parlais au début de cet article.


Les ordures des ONG ou des locataires habitant ce quartier sont stockées dans un bidon métallique (feuilles d’arbres, ordures ménagères, papiers…) et un ramasseur d’ordure passe plusieurs fois par semaine avec sa carriole pour les récupérer et les amener dans les mêmes décharges. Il y mettra ensuite le feu et quand vous passez en même temps, les odeurs de plastique brûlé sont insoutenables. Et maintenant, avec la chaleur, les odeurs de ces décharges deviennent dérangeantes.


Cependant, il existe un service privé de ramassage d’ordures plus organisé. Un camion passe deux fois par semaine pour collecter votre bidon d’ordures. Vous devez pour cela payer 2500F par mois (soit 3.80€). Vos ordures seront ainsi emmenées à l’extérieur de la ville pour être brûlées dans une grande décharge.

Mais avant de les jeter à la décharge, tous ces ramasseurs d’ordures (sociétés privées ou petits ramasseurs d’ordures), inspectent méticuleusement toutes nos poubelles, surtout celles « des Blancs » : en effet, elles peuvent être pour eux « une mine d’or » : toutes les bouteilles en verre, les pots en verre, les pots en plastique, les canettes, les bouchons, les capsules, les vieux objets,… seront revendus au marché et pourront être achetées par des vendeurs d’huile d’arachide au détail par exemple… Le métal ou le verre récupéré pourra aussi être revendu au Nigéria par kg pour y être recyclé.
Il y a ainsi beaucoup moins d’ordures qui sont brûlées.
Cependant, le gros problème reste celui des emballages et sacs en plastique car des quantités traînent par terre et sont brûlées tous les jours… Mais le souci de l’environnement n’est pour l’instant pas une priorité dans ce pays.

lundi 1 mars 2010

Visite d’un hôpital à Kollo

Pendant mes congés, j’ai découvert une partie de la faune et de la flore du Niger. Mais j’ai aussi profité de cette pause pour m’instruire au niveau professionnel par la visite d’un hôpital de brousse. Ce centre est situé à Kollo, à environ une heure de route de Niamey, au sud-est.

Pour nous y rendre, nous avons emprunté un taxi brousse.


La route est agréable car nous longeons le fleuve du Niger et dans cette direction, les rizières sont nombreuses et certaines sont encore bien vertes. Cela nous change du sable et des arbres épineux du parc du W.

En pleine campagne, le long de la route goudronnée, nous apercevons un centre en construction. Il semble ne rien y avoir aux alentours et pourtant le chauffeur nous annonce que nous sommes arrivées à destination.


Il est environ 11h du matin et à l’entrée du centre, une quarantaine de femmes attendent assises sous un abri en tôle que ce soit leur tour pour la consultation.
Nous entrons dans l’hôpital et nous sommes accueillies par le gestionnaire comptable de l’hôpital qui nous propose de nous faire une visite commentée.


Cet hôpital a ouvert le 23 février 2009. Il a été créé par Humédica (une ONG allemande) et Hosanna (une ONG nigérienne).


Pour le moment, c’est uniquement la partie médecine ambulatoire qui fonctionne et la partie en construction, que nous avons vue en arrivant, sera ouverte en juin 2010. Il y aura alors 10 chambres pour recevoir les patients hospitalisés.


Le centre accueille tous les jours plus de 80 personnes : une infirmière réalise le premier accueil des patients : elle pèse les enfants, fait les vaccinations et donne des conseils puis elle oriente la personne vers le médecin, la sage femme ou l’infirmière chef selon le besoin.

A la fin de la consultation, le patient reçoit gratuitement les médicaments. Le coût de la consultation varie selon les revenus de la personne et le type de consultation.


C’est en construisant des hôpitaux comme celui-ci que la mortalité pourra baisser. En effet, le Niger a un taux de mortalité infantile très élevé : 12,5% des enfants meurent avant d’avoir atteint l’âge de 5ans. Les hôpitaux de brousse permettent une meilleure couverture vaccinale et des soins appropriés aux enfants.
Mais il faut surtout que les familles envoient leurs enfants suffisamment tôt pour se faire soigner avant qu’il ne soit trop tard.

De plus, en discutant avec le médecin sur les problèmes de santé les plus fréquemment rencontrés, il m’a dit que les 2/3 de ceux-ci pourraient être évités : le diabète, la diarrhée et le paludisme. La prévention a donc toute sa place ici en les faisant réfléchir sur leurs comportements dans le but d’un changement durable.


Un tour à pieds dans les environs de l’hôpital nous a permis de découvrir une partie de l’économie de ces petits villages : la fabrication de briques,


les rizières, la culture du mil et de réaliser que même si depuis la route, le coin semblait désert, quand on prend les petits chemins, de nombreux villages se dressent. Ainsi, ce nouvel hôpital touche beaucoup d’habitants.