Je vous écris mon 36eme article depuis mon arrivée au Sénégal et j'aurai souhaité ne pas l'écrire.
Dimanche, je postais mon précédent article pendant mon voyage de retour entre Samine, en Casamance, et Kedougou, 2 villes distantes d'un peu plus de 700km.
J'avais débuté les démarches pour réserver mon transport 6 jours auparavant. C'est compliqué pour quelqu'un de culture européenne de comprendre le fonctionnement dans leur réservation. Pas possible de le faire par internet.
J'ai contacté Jules, le gérant du centre qui nous hébergeait. Il a ensuite contacté une connaissance qui s'occupe de la réservation des transports. Ce qui rend les choses plus compliquées, c'est que Samine est une ville de passage entre Zinguinchor et Tambacounda. Il fallait donc réserver une place au garage de Zinguinchor pour ce trajet mais il n'existe pas d'annuaire donc la nécessité de passer par un intérmediaire.
Cette connaissance a donc contacté le garage pour se renseigner sur le prix et réserver une place. Elle a informé Jules que la place était réservée. Samedi soir, quand Jules a demandé si tout était OK, ce monsieur lui dit seulement maintenant qu'il fallait lui payer la place pour que la réservation soit effective. On lui donne l'argent en nous disant que c'est bon et que dimanche matin, il nous téléphonerai dès que le taxi serait proche de Samine.
Dimanche matin, 8h30, le groupe de missionnaires viennent de partir pour rentrer sur Dakar.
Jules m'amène au lieu de rdv où le taxi doit me récupérer même si je n'ai pas reçu son appel. Le taxi devait quitter Zinguinchor vers 6h au plus tard, donc me récupérer vers 8h au plus tard mais comme les horaires sont rarement respectés, je ne m'affole pas. Le temps passe... Jules doit partir.
10h30...je me dis qu'il y a un problème et je vais discuter avec le monsieur qui a fait la réservation. Il me dit que la réservation n'a pas pu être faite la veille car l'argent est arrivé trop tard. Le garage de Zinguinchor l'a contacté le matin à 5h et il dormait donc il n'a pas validé la réservation. Donc ma place a été réservée pour le second transport qui doit prochainement arriver. En moi même, j'explose de colère ! Mais je prie pour rester polie et calme. Je lui dit que ça fait 5 jours que Jules l'a contacté pour cette réservation et que la veille, il nous dit que tout est OK. Que depuis 8h30, il ne donne même pas de nouvelles, qu'il attend que Jules soit parti pour dire la vérité.
Je lui explique qu'en France les compagnies qui sont en retard remboursent leur client alors je lui demande de me payer le prix des bagages. En effet, en Afrique, on paye le prix du billet à la compagnie puis vient s'ajouter le prix des bagages qu'on paye directement au chauffeur, en fonction de la quantité et de la tête du client.
Il accepte de payer les 1000fcfa au chauffeur. Il comprend que je suis capable de lui faire une mauvaise publicité s'il ne s'exécute pas.
11h, je pars enfin pour Tambacounda. De nombreux arrêts aux douanes, contrôles de papiers. Dépôts de colis. Je crois comprendre que l'argent du transport de colis revient directement au conducteur donc il n'hésite pas à faire le livreur. Parfois, on patiente quelque temps avant que le destinataire du colis se présente au bord de la route principale. J'ai la bonne surprise de trouver à chaque arrêt des toilettes très propres. Plus les heures passent, plus c'est difficile de respirer tellement il fait chaud. 40 degrés à l'ombre mais pas d'ombre et bien entendu, pas de clim...
Comme je vous le disais dans mon précédent article, je me retrouve placée en numéro 1, la place du passager avant. Un mal pour un bien, car n'ayant plus de place dans le précédent véhicule, ma demande à été basculée sur le 2ème véhicule en position numéro 1. Donc de la place pour les jambes. Pendant ce long trajet, une bonne connexion internet, ce qui me permet de trouver le temps moins long en vous écrivant quelques articles.
Il est presque 18h quand on arrive à Tombacomba. Il fait encore jour. Le placier du garage se précipite à l'arrivée de notre véhicule. J'annonce que je vais à Kedougou.
J'achète une place, la numéro 4. Il reste donc 3 clients à attendre avant que le véhicule de 7 places ne puisse partir.
J'ai le temps de me dégourdir les jambes, de passer de nombreux appels, de m'acheter un sandwich (que j'ai voulu le plus rapide possible en demandant la version omelette et non viande cuite devant toi, car le placier annonçait un départ pour tout de suite... Mais une heure plus tard, toujours en gare.
Il est 20h.. Je commence à douter qu'on parte le soir même... J'ai ma tente dans mon sac mais pas très adapté de la sortir en pleine ville sinon dormir sur un banc en attendant le lendemain matin le premier départ du taxi.
Quelques minutes tard, on me dit que le véhicule va partir. Je suis surprise car nous ne sommes que 3 passagers. On me demande si je peux payer davantage. Il me reste seulement 450fcfa et j'ai même oublié de garder 500fcfa pour le taxi à l'arrivée de Kedougou car la gare routière est éloignée de mon lieu d'hébergement.
Je discute avec l'un des passagers, Nicolas. Il me dit qu'il a payé pour 3 places pour partir plus tôt. Je suis désolée de ne pas pouvoir participer. Je le questionne sur les places numéro 2 et 3. J'apprends que les placiers font parfois des arrangements pour que les clients achètent les places en se disant que le véhicule est presque plein et qu'il va bientôt partir.
En attendant le départ, on a le temps de faire connaissance. Il est professeur d'espagnol et lui aussi travaille pour des missions humanitaires. Il est Africain. On se donne rdv pour se revoir prochainement.
Les heures passent lentement. Le trajet me semble très long.
Il est presque 1h du matin et nous arrivons devant 1 borne de gendarmerie. Un car est arrêté avec beaucoup de voyageurs qui descendent. Je me dit que c'est encore un contrôle de papiers. Mais non, on me dit que le voyage s'arrête là et qu'on va passer la nuit ici ! Je ne comprends pas... Il reste moins d'une heure de route... Au Sénégal, c'est interdit de transporter des voyageurs la nuit entre minuit et 5h du matin ! Je ne le savais pas.
Nicolas descend. Je ne comprends pas trop ce qu'il se passe car je suis crevée.
Le taximan me fait rentrer de nouveau dans le taxi et nous repartons vers le village précédent. Il descend avec un autre passager dans un restaurant. Je les regarde manger. Je préfère garder les 450fcfa pour le taxi même si j'ai faim. Il me reste encore un peu d'eau que j'utilise raisonnablement. On repart vers la borne de gendarmerie. Le chauffeur ne veut pas me donner mon gros sac à dos placé sous un filet sur la galerie.
Je passe une partie de la nuit allongée dans le sable à regarder la lune et les étoiles, enroulée dans mon kway pour ne mettre trop de sable dans les cheveux. J'ai le temps de méditer, de chanter. Je ne trouve pas le sommeil même si les nuits précédentes ont été très courtes en raison des concerts nocturnes le week-end. Je réfléchis et je parle avec Dieu. Je lui demande de me faire comprendre qu'est-ce je peux apprendre de positif dans cette expérience. Je ressens sa présence et je me sens bien malgré toute cette fatigue. Dieu me montre que je dois apprendre à pardonner. C'est vrai que j'étais révoltée contre l'intermédiaire n'ayant pas fait correctement son travail car je serai déjà en train de dormir dans un lit correct si tout s'était passé correctement.
Mais je suis dans le sable en train de me faire bouffer par les moustiques, alors que ma tente est emballée à quelques mètres de moi !
Quand j'accepte de pardonner, je ressens une grande paix dans mon cœur.
Je sais aussi que la rencontre avec Nicolas n'est pas un hasard. Il est chrétien lui aussi, marié, et avec un enfant de 4ans.
Les moustiques devenant trop envahissant, je rejoins un monsieur qui est allongé sur une dalle de carrelage. Mais je reste assise à attendre . Je ne dormirai pas de la nuit.
5h30, le taxi repart.
6h30, Quelle bénédiction ! le chauffeur dépose Nicolas dans le même quartier que mon lieu d'hébergement. Pas besoin de négocier pour 1 taxi.
Il me reste un peu plus d'1km à pieds. Je me disais que ce serait très dur avec mon lourd sac à dos et non, je me suis sentie portée.
A mon arrivée, Rowina et Jennah dorment encore.
Je vais vers le puits pour puiser un seau d'eau et quel bonheur de pouvoir prendre une bonne douche avec ce seau d'eau. Je crois que je n'ai jamais autant apprécié une douche.
Voilà... Ici, tout peut changer. Boaz nous a fait découvrir le mot le plus important en Afrique lors de la formation de missionnaire : FLEXIBILITE.
C'est vrai. Ici les plans changent rapidement. Et c'est vrai cette devise : un jour à la fois.
Vivre en Afrique, ce n'est pas simple pour moi, qui suis de caractère à vouloir que tout soit anticipé, carré. C'est une école de la vie qui m'apprend à être plus cool. J'espère que j'en garderai encore les effets en France.

Quelle galère !! Enfin tu es arrivé à bon port...reste plus qu'à récupérer
RépondreSupprimerMerci beaucoup d'avoir partagé votre histoire! Je suis tellement content que vous ayez pu trouver le positif parmi tous les événements négatifs.
RépondreSupprimerFlexibilité. Un mot simple, facile mais… ouf !
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